Un tableur Excel fait perdre 1 milliard de dollars en Bitcoin au gouvernement américain

Le service des US Marshals se retrouve au cœur d'une crise financière sans précédent. Alors que l'administration Trump promet une réserve stratégique en Bitcoin, l'agence fédérale aurait perdu l'accès à des portefeuilles cryptos d'une valeur colossale. Entre fichiers Excel obsolètes et emails non sécurisés, découvrez comment l'un des plus grands détenteurs mondiaux de Bitcoin a compromis sa fortune numérique et quelles solutions sont envisagées pour éviter une catastrophe nationale.

Résumé :

• L'U.S. Marshals Service aurait perdu l'accès à des portefeuilles Bitcoin d'une valeur estimée à 1 milliard de dollars

• Le gouvernement américain figure parmi les plus grands détenteurs mondiaux de Bitcoin avec environ 200 000 BTC (19 milliards de dollars)

• Des méthodes de gestion inadaptées sont en cause : fichiers Excel manuels et emails non sécurisés

• Cette perte pourrait compromettre le projet de réserve stratégique en Bitcoin promis par Donald Trump

• Face à ses difficultés, l'USMS a récemment conclu un partenariat avec Coinbase Prime pour la garde de ses cryptomonnaies

Dans l'ombre des gratte-ciels de Washington, une crise silencieuse mais dévastatrice secoue les institutions financières américaines. L'U.S. Marshals Service (USMS), cette agence fédérale centenaire chargée notamment de gérer les biens saisis par la justice, se retrouve au cœur d'un scandale qui pourrait coûter plus d'un milliard de dollars aux contribuables américains. Alors que le gouvernement américain s'est retrouvé, presque malgré lui, parmi les plus grands détenteurs mondiaux de Bitcoin, ses méthodes de gestion dignes du siècle dernier viennent de lui jouer un tour potentiellement catastrophique.

Cette situation ubuesque survient à un moment stratégique pour l'administration Trump, qui a placé les cryptomonnaies au cœur de sa politique économique nationale avec la promesse d'une réserve stratégique en Bitcoin. Comment une agence gouvernementale peut-elle perdre l'équivalent du budget annuel de certains États américains? Et quelles conséquences cette négligence aura-t-elle sur l'avenir des relations entre les États-Unis et le monde des cryptomonnaies?

Le gouvernement américain, géant méconnu du Bitcoin

Peu de gens le savent, mais l'administration américaine figure parmi les plus grands détenteurs de Bitcoin au monde. Avec environ 200 000 BTC en sa possession, soit plus de 19 milliards de dollars au cours actuel, le gouvernement américain se place devant de nombreux investisseurs institutionnels et particuliers fortunés.

Cette fortune numérique n'est pas le fruit d'une stratégie d'investissement visionnaire, mais plutôt la conséquence collatérale de plusieurs opérations judiciaires d'envergure. La majorité de ces Bitcoins provient de saisies liées au démantèlement du tristement célèbre marché noir Silk Road, plateforme qui facilitait le commerce illégal de drogues et d'autres produits illicites via le darknet. D'autres sont issus du piratage de la plateforme d'échange Bitfinex, dont les auteurs ont finalement été appréhendés par les autorités américaines.

"Le gouvernement américain s'est retrouvé, presque par accident, à la tête d'un trésor numérique considérable", expliquait récemment un analyste spécialisé dans les cryptomonnaies. Seuls quelques acteurs surpassent encore l'État fédéral en termes de détention de Bitcoin : trois émetteurs d'ETF Bitcoin spot et bien sûr, le mystérieux Satoshi Nakamoto, créateur du Bitcoin disparu des radars depuis près de 15 ans, qui détiendrait encore plus de BTC que l'ensemble du gouvernement américain.

La perte catastrophique révélée par des sources anonymes

C'est une révélation qui suscite une onde de choc dans le monde des cryptomonnaies. Selon des sources anonymes proches du dossier citées par le média spécialisé CoinDesk, l'U.S. Marshals Service aurait perdu l'accès à des portefeuilles Bitcoin représentant une valeur d'au moins un milliard de dollars.

Le paradoxe de la situation atteint des sommets lorsqu'on apprend que des services d'analyse on-chain comme Arkham Intelligence ont déjà identifié et rendu publiques les adresses Bitcoin du gouvernement. En d'autres termes, n'importe qui peut observer ces portefeuilles sur la blockchain, suivre les mouvements de fonds et connaître leur valeur exacte à tout moment... sauf le gouvernement lui-même qui en a perdu les clés d'accès.

Cette situation illustre parfaitement l'adage populaire dans le monde des cryptomonnaies : "Not your keys, not your coins" ("Pas vos clés, pas vos coins"). Même le gouvernement américain, avec toutes ses ressources, se retrouve confronté à la réalité implacable de la blockchain : sans les clés privées, les fonds sont perdus à jamais, figés sur la blockchain comme des diamants inaccessibles dans une forteresse de verre.

Des pratiques de gestion obsolètes et dangereuses

Comment une agence fédérale a-t-elle pu perdre l'accès à une telle fortune? La réponse, selon les sources citées par CoinDesk, est aussi simple qu'alarmante : des méthodes de gestion totalement inadaptées à la nature des cryptomonnaies. L'USMS utiliserait un simple fichier Excel, rempli manuellement, pour suivre ses avoirs en Bitcoin et autres cryptomonnaies. Ce système archaïque, plus approprié à la comptabilité d'une entreprise locale qu'à la gestion de milliards de dollars d'actifs numériques, expliquerait pourquoi l'agence peine à estimer précisément la valeur de ses avoirs.

Plus préoccupant encore, les adresses de dépôt seraient envoyées par email non chiffré, exposant ces informations sensibles à d'éventuelles interceptions. Ces pratiques témoignent d'une méconnaissance profonde des enjeux de sécurité liés aux cryptomonnaies, domaine où la moindre négligence peut entraîner des pertes considérables. Ce n'est d'ailleurs pas la première fois que l'USMS rencontre de tels problèmes. En novembre 2022, l'agence avait déjà perdu l'accès à deux portefeuilles Ethereum suite à une mise à jour logicielle mal gérée, rendant impossible toute récupération des fonds. Cette nouvelle perte, bien plus significative, semble confirmer un problème systémique dans la gestion des cryptoactifs par cette institution.

Les conséquences potentielles pour l'administration Trump

Cette débâcle survient à un moment particulièrement inopportun pour l'administration Trump. Le président avait fait de la création d'une réserve stratégique en Bitcoin l'une de ses promesses de campagne, positionnant les États-Unis comme leader dans l'adoption institutionnelle des cryptomonnaies. Pour concrétiser cette vision, Trump a récemment nommé David Sacks au poste de "Crypto Czar", avec pour mission d'étudier les modalités de création de cette réserve nationale.

Ce projet ambitieux pourrait désormais être compromis ou du moins entravé par la perte d'une partie significative des Bitcoins déjà en possession du gouvernement. Si cette perte venait à être confirmée officiellement, elle pourrait également affecter la crédibilité de l'administration dans sa capacité à gérer efficacement cette nouvelle classe d'actifs. Comment convaincre les citoyens américains de l'importance stratégique du Bitcoin si le gouvernement lui-même se montre incapable d'en assurer la garde de manière sécurisée ?

La solution de dernière minute : l'appel à Coinbase

Face à cette crise et à l'augmentation rapide de ses avoirs en cryptomonnaies en 2024, l'USMS a finalement pris une décision qui aurait dû s'imposer depuis longtemps : confier la garde de ses actifs numériques à un tiers spécialisé. L'agence a ainsi conclu un partenariat avec Coinbase Prime, le service de custody de la plateforme d'échange Coinbase.

Cette décision marque un tournant dans l'approche du gouvernement face aux cryptomonnaies, reconnaissant implicitement que la self-custody (auto-hébergement) présente des risques trop importants sans l'expertise et les infrastructures adéquates. La garde institutionnelle proposée par Coinbase offre des garanties en termes de sécurité, d'assurance et de conformité réglementaire que l'USMS était manifestement incapable de mettre en œuvre par elle-même.

Ce partenariat pourrait également servir de modèle pour la future réserve stratégique en Bitcoin, alliant contrôle gouvernemental et expertise privée pour assurer la sécurité optimale de ces actifs devenus essentiels à la stratégie économique nationale.

L'affaire des US Marshals illustre parfaitement le décalage entre les ambitions numériques du gouvernement américain et sa capacité réelle à gérer les actifs. Cette coûteuse erreur marque un tournant dans l'approche fédérale des cryptomonnaies, forçant Washington à reconnaître ses limites et à s'allier avec des experts du secteur privé comme Coinbase. Alors que Trump façonne sa vision d'une Amérique leader en matière de Bitcoin, cette crise pourrait paradoxalement accélérer la modernisation des pratiques gouvernementales et renforcer les fondations d'une véritable stratégie nationale en matière de cryptomonnaies. Reste à savoir si le milliard de dollars perdu servira de leçon suffisante pour éviter de futures catastrophes.