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Made in France menacé : Bernard Arnault s'interroge sur son avenir en France face à la nouvelle taxation

Face à une surtaxe de 40%, LVMH menace de quitter la France. Un séisme pour l'économie française avec 160 000 emplois en jeu.

Alexia JacquardPublié le Mis à jour le
Made in France menacé : Bernard Arnault s'interroge sur son avenir en France face à la nouvelle taxation

Le patron de LVMH frappe un grand coup lors de la présentation des résultats annuels. De retour des États-Unis, Bernard Arnault menace de délocaliser le géant du luxe face à une surtaxe de 40% annoncée par le gouvernement Bayrou. Un départ qui mettrait en péril 160 000 emplois en France et pourrait déclencher une réaction en chaîne dans l'industrie du luxe. Premier contributeur fiscal de l'Hexagone, le groupe est courtisé par les États-Unis avec une fiscalité attractive et des subventions massives.

Résumé :

  • Une surtaxe de 40% menace l'ancrage français de LVMH

  • Plus de 160 000 emplois directs et indirects en jeu

  • LVMH verse plusieurs milliards d'euros d'impôts par an à l'État français

  • Les États-Unis proposent des conditions fiscales très attractives

  • D'autres grands groupes français pourraient suivre

La déclaration fracassante de Bernard Arnault lors de la présentation des résultats annuels de LVMH ce mardi 28 janvier 2025 fait l'effet d'une bombe. Le dirigeant du numéro un mondial du luxe, de retour des États-Unis où il assistait à l'investiture de Donald Trump, rejoint le concert d'inquiétudes exprimées par les patrons d'EDF, TotalEnergies, Michelin et Altarea. Cette fois, ce n'est plus un simple avertissement : le possible départ du plus grand contributeur fiscal français devient une menace concrète.

Dans un contexte économique déjà fragilisé par l'inflation et la dette publique, cette annonce résonne comme un signal d'alarme pour l'ensemble du secteur industriel français. L'homme d'affaires, habituellement mesuré dans ses déclarations publiques, n'hésite plus à critiquer ouvertement la politique fiscale du gouvernement, marquant ainsi une rupture sans précédent dans ses relations avec les autorités françaises.

Une surtaxe qui menace l'industrie française

Le projet de surtaxe exceptionnelle déstabilise profondément les cercles dirigeants des grandes entreprises françaises. Cette disposition, ciblant les sociétés dépassant trois milliards d'euros de chiffre d'affaires, vise à générer huit milliards d'euros pour les caisses de l'État. Le gouvernement de François Bayrou insiste sur le caractère temporaire de la mesure, un argument que Bernard Arnault réfute catégoriquement :

“Personne n'y croit, une fois qu'on a augmenté les impôts de 40%, qui va les baisser de 40% ?”

Bernard Arnault

fustige-t-il, dénonçant une "taxation punitive du Made in France".

Laurent Marcangeli, ministre de l'Action publique, tente de défendre cette initiative qu'il qualifie de "mal nécessaire". Sophie Primas, porte-parole du gouvernement, adopte une position plus nuancée en admettant "comprendre la colère" du PDG de LVMH, mais ces tentatives d'apaisement semblent bien tardives face à l'ampleur de la menace. Alors que nos voisins européens multiplient les mesures d'attractivité fiscale pour attirer les grandes entreprises, la France semble faire le choix risqué d'une politique à contre-courant qui pourrait coûter cher à son économie.

L'empire du luxe : un acteur vital de l'économie nationale

Le groupe LVMH symbolise l'excellence française à l'international. Malgré un exercice 2024 marqué par un repli de 2% du chiffre d'affaires à 84,7 milliards d'euros, l'entreprise demeure un pilier fondamental de l'économie nationale. Son impact dépasse largement les indicateurs financiers : LVMH forme un écosystème vital employant des dizaines de milliers de collaborateurs, des artisans aux équipes commerciales, avec une présence industrielle dans toutes les régions françaises.

Premier contributeur fiscal de l'Hexagone, le groupe injecte plusieurs milliards d'euros chaque année dans les caisses de l'État, participant ainsi au financement des hôpitaux, des écoles et des infrastructures de transport. Cette contribution massive permet de soutenir l'emploi public et les services essentiels à la population. Au-delà de son rôle fiscal, LVMH s'impose comme un acteur majeur de la préservation du patrimoine artisanal français. L'Institut des Métiers d'Excellence LVMH, créé en 2014, forme plus de 1000 apprentis chaque année dans 27 métiers différents, de la maroquinerie à la joaillerie en passant par la viticulture. Avec un taux d'insertion professionnelle de 95%, l'institut s'affirme comme un maillon essentiel de la transmission des savoir-faire d'exception qui font la réputation du luxe français à l'international.

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L'environnement économique américain offre un contraste saisissant. Les États-Unis déploient une stratégie d'attractivité agressive avec une fiscalité avantageuse, marquée par une réduction d'impôts à 15% et des subventions substantielles pour l'implantation industrielle. Bernard Arnault souligne ce dynamisme :

"J'ai pu voir le vent d'optimisme qui régnait dans ce pays",

Bernard Arnault

Illustrant son propos par la réussite exceptionnelle de la nouvelle boutique new-yorkaise du groupe, qui suscite des files d'attente impressionnantes malgré son positionnement ultra-premium.

160 000 emplois menacés : l'onde de choc d'une délocalisation

Une délocalisation de LVMH engendrerait des répercussions catastrophiques pour l'économie française. Avec plus de 40 000 emplois directs sur le territoire national et près de 120 000 emplois indirects dans la sous-traitance et les services, un tel scénario provoquerait un séisme social sans précédent. Les régions les plus touchées seraient la Nouvelle-Aquitaine, avec ses vignobles prestigieux, l'Île-de-France, qui abrite le siège social et de nombreuses boutiques, ainsi que les territoires historiques de la maroquinerie comme les Pays de la Loire.

Les manufactures locales, souvent implantées dans des zones rurales où elles représentent le principal employeur, verraient leur activité menacée. Cette onde de choc affecterait également les milliers d'artisans indépendants, les petits ateliers de confection et les fournisseurs spécialisés qui travaillent exclusivement pour les marques du groupe.

La chute historique du luxe fait perdre 50 millions de clients aux géants du secteur | Le média de l'investisseur

Le marché du luxe traverse un séisme sans précédent. LVMH et Kering s'effondrent, tandis qu'Hermès défie toutes les prévisions.

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Cette décision pourrait risque d'amorcer un mouvement de fuite généralisé pour l'économie française. D'autres fleurons industriels comme L'Oréal, Hermès ou Chanel pourraient être tentés de suivre cet exemple, créant une hémorragie de talents et de savoir-faire. La réputation de la France comme berceau du luxe mondial serait durablement entachée, et les investisseurs internationaux pourraient reconsidérer leurs projets d'implantation. Cette perte d'attractivité aurait des conséquences pérennes sur l'innovation, la création d'emplois et le rayonnement culturel français. Les écoles de mode et de design, qui attirent des étudiants du monde entier, verraient leur attractivité diminuer, fragilisant tout l'écosystème de formation aux métiers du luxe.

Face à cette menace sans précédent, l'urgence d'un dialogue constructif entre l'État et les grands groupes s'impose. L'enjeu dépasse largement la simple question fiscale : c'est tout le modèle d'excellence à la française qui est en péril. Si le gouvernement persiste dans sa volonté de surtaxer les grandes entreprises, le prix à payer pourrait être bien plus élevé que les huit milliards d'euros espérés. C'est l'avenir même du Made in France qui se joue dans les prochains mois.

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