Lemlist rachète Claap : une success story 100 % bootstrappée
C'est officiel ! Lemlist vient d'annoncer le rachat de Claap pour plus de 10 millions d'euros. C'est une acquisition historique.
Alexandre Plunian
Sans lever un seul euro de fonds, Lemlist s’est imposée comme l’une des startups françaises les plus inspirantes de sa génération. Valorisée plus de 150 millions de dollars, la société franchit aujourd’hui un nouveau cap dans son développement : elle acquiert Claap, une jeune pousse française spécialisée dans l’IA conversationnelle pour les équipes commerciales.
Le montant exact n’a pas été révélé, mais Lemlist évoque une transaction à 8 chiffres, soit plus de 10 millions d’euros. C’est une opération financée intégralement sur fonds propres, qui confirme la solidité et la singularité du modèle Lemlist.
Une croissance sans levée de fonds
Créée en 2018 par Guillaume Moubeche, François Najahi et Vianney Thiébaut, Lemlist a bâti son succès sur une approche radicalement différente du modèle traditionnel des startups. Alors que la plupart de ses concurrentes s’appuient sur des levées de fonds pour croître rapidement, Lemlist a choisi le chemin de l’auto-financement (ou bootstrapping).
C’est une stratégie audacieuse qui a payé : en 2021, Guillaume Moubeche avait fait sensation en publiant une série de vidéos documentant une fausse levée de fonds de 30 millions d’euros, avant d’annoncer qu’il refusait l’argent des investisseurs.
La même année, il a cédé 20 % du capital de l’entreprise pour 30 millions d’euros.
Un modèle économique solide et rentable
Six ans après sa création, Lemlist affiche des chiffres impressionnants :
35 millions d’euros de revenus annuels récurrents (ARR)
20 000 clients à travers le monde
Une croissance de +65 % sur un an
Une forte présence en Europe (60 %) et en Amérique du Nord (35 %)
Lemlist s’impose aujourd’hui comme une alternative européenne crédible face aux géants américains de la prospection, tels qu’Outreach ou Salesloft, pourtant financés à coups de dizaines de millions de dollars.
« Nous sommes dans un marché totalement dominé par des acteurs américains dopés aux levées de fonds. Pourtant, Lemlist parvient à les battre sur certains points, sans avoir levé de fonds.
Une acquisition stratégique : Claap et l’intelligence artificielle au service des ventes
Le rachat de Claap marque une étape clé dans la stratégie de Lemlist. Fondée par Robin Bonduelle, Claap a développé une IA conversationnelle capable de capturer, comprendre et structurer les échanges commerciaux (appels, visios, mails…) pour en extraire des données exploitables : signaux d’achat, influences, prochaines étapes, etc.
Cette technologie permettra à Lemlist d’aller au-delà de la simple prospection par e-mail. En combinant les deux expertises, les sociétés préparent le lancement de Smartbound, un tout nouveau produit censé révolutionner la prospection B2B.
“Smartbound” : vers la fin du « Spray & Pray »
L’objectif de Lemlist et Claap est clair : en finir avec la prospection de masse à l’éveugle surnommée Spray & Pray, où les entreprises bombardent des milliers de contacts sans personnalisation ni contexte.
Leur nouvelle approche, le Smartbound, vise à replacer la pertinence au cœur de la prospection :
Lemlist apporte sa maîtrise et de l’engagement à grande échelle
Claap enrichit cette base en ajoutant du contexte et de la précision via l’intelligence artificielle
« En combinant nos forces, nous voulons définir un nouveau standard de prospection : une approche fondée sur des signaux réels et un timing parfait »
De son côté, Guillaume Moubeche ambitionne de bâtir la première plateforme européenne d’IA pour la vente, capable de rivaliser avec les solutions américaines tout en défendant un modèle plus sain et plus humain.
« Nous ne voulons pas être un outil de plus dans la boîte à outils des commerciaux.Notre vision, c’est de redéfinir la manière dont les entreprises génèrent des prospects dans la prochaine décennie », ajoute-t-il.
Une leçon de souveraineté et d’indépendance
Au-delà de la transaction, Lemlist incarne une vision rare dans la French Tech : celle d’une croissance rentable, maîtrisée et indépendante.
À l’heure où la majorité des startups misent sur la levée de fonds pour exister, l’entreprise prouve qu’il est possible de construire une success story européenne sans lever de fonds, sans dépendre d’investisseurs et sans renoncer à sa vision.
Cette acquisition 100 % autofinancée renforce Lemlist comme un modèle d’inspiration pour toute une génération d’entrepreneurs désireux de bâtir durablement.
Conclusion
Lemlist, c’est la démonstration qu’une autre voie est possible dans la tech : celle de l’ambition, de la rentabilité et de la liberté.
En rachetant Claap, la startup française ne signe pas seulement une opération de croissance externe, elle trace la route d’un nouveau modèle d’entreprise où l’autonomie financière rime avec innovation et impact.
« Être auto-financé, c’est garder le contrôle de son destin. »