Crowdfunding 2024 : Les énergies vertes détrônent l'immobilier avec des collectes records de 285M€
Le crowdfunding français se transforme en 2024. Les énergies renouvelables collectent 285 millions d'euros quand l'immobilier atteint son plus bas niveau.
Alexia JacquardPublié le Mis à jour le
Le crowdfunding français se transforme en 2024 selon l'analyse du directeur général de l'agence Collect. Les énergies renouvelables collectent 285 millions d'euros quand l'immobilier atteint son plus bas niveau en cinq ans. De nouveaux acteurs émergent avec des promesses de rendements élevés, tandis que des plateformes comme Bienprêter misent sur la diversification avec 75 millions d'euros collectés. Sur la cinquantaine de plateformes actives, seules 11 progressent.
Résumé :
Une nouvelle hiérarchie s'établit avec la domination des énergies renouvelables
L'immobilier traditionnel subit un repli historique
Des modèles innovants émergent avec des promesses de performances élevées
La diversification devient un facteur clé de résilience
Les données 2024 du financement participatif français révèlent des changements dans la répartition des forces du marché, selon l'analyse détaillée publiée par le directeur général de l'agence Collect. Cette étude approfondie du marché 2024 met en lumière des transformations structurelles significatives dans un secteur qui compte aujourd'hui une cinquantaine de plateformes actives. En effet, seules 11 d'entre elles affichent une progression de leurs performances par rapport à 2022, témoignant ainsi d'une consolidation accélérée du marché.
Cette mutation s'inscrit dans un contexte économique particulièrement complexe, marqué par la hausse des taux d'intérêt et les tensions sur le marché immobilier. La hiérarchie traditionnelle du secteur se métamorphose : les plateformes historiques perdent du terrain, pendant que de nouveaux modèles se développent et que le secteur des énergies renouvelables s'impose comme le principal vecteur de croissance du financement participatif français.
Les projets verts captent l'essentiel des investissements
Les plateformes de financement des énergies renouvelables captent la plus grande part des investissements en crowdfunding en 2024, totalisant plus de 285 millions d'euros de collecte. En effet, Enerfip domine désormais ce segment avec une collecte exceptionnelle de 141 millions d'euros en 2024, illustrant ainsi la maturité de son modèle. Cette performance s'appuie notamment sur une expertise pointue dans l'évaluation des projets d'énergie verte et une capacité éprouvée à fédérer une communauté d'investisseurs engagés.
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En parallèle, le rapprochement stratégique entre Lendosphère et Lendopolis, affichant respectivement 75 et 80 millions d'euros de collecte, crée un pôle majeur du financement environnemental. Cette consolidation témoigne d'une professionnalisation accrue du secteur, où l'expertise technique et la gestion rigoureuse des risques deviennent des avantages compétitifs déterminants.
Performance comparée des leaders du financement participatif environnemental en 2024 :
Plateforme | Collecte 2024 | Année de création | Spécificités | Secteurs couverts |
---|---|---|---|---|
Enerfip | 141 M€ | 2014 | Leader historique, expertise technique | Solaire, éolien, méthanisation |
Lendosphère | 75 M€ | 2014 | Fusion stratégique en 2024 avec Lendopolis | Multi-énergies, placement forestier |
Lendopolis | 80 M€ | 2014 | Intégration le groupe Lendosphère | Projets territoriaux, ENR |
2024, année noire pour le crowdfunding immobilier traditionnel
Le secteur immobilier traditionnel enregistre en 2024 ses plus faibles performances depuis cinq ans. Les résultats des plateformes établies illustrent cette fragmentation du marché : La Première Brique, malgré un contexte défavorable, maintient une collecte de 84 millions d'euros grâce à une communauté d'investisseurs fidélisée depuis 2019. Les Entreprêteurs, avec 30 millions d'euros collectés, préservent leur position en s'appuyant sur une stratégie de diversification initiée dès 2016. Ces performances, qui peuvent sembler solides en surface, dissimulent une réalité plus sombre : la majorité des plateformes spécialisées dans l'immobilier ont vu leurs volumes de collecte chuter de plus de 50% par rapport à 2021-2022, période durant laquelle elles levaient régulièrement plusieurs dizaines de millions d’euros.
Les indicateurs actuels du marché immobilier n'annoncent aucune amélioration à court terme. La conjugaison de taux d'intérêt élevés, de coûts de construction en hausse et d'une demande en berne laisse présager une année 2025 tout aussi difficile. Cette situation appelle à une prudence dans la sélection des projets. Néanmoins, l'immobilier conserve des atouts fondamentaux en tant que classe d'actifs : la tangibilité des investissements, le potentiel de valorisation à long terme et la capacité à générer des revenus réguliers en font toujours un placement pertinent dans une stratégie d'investissement diversifiée.
Cette situation s'explique par plusieurs facteurs structurels qui impactent profondément le marché :
Durcissement significatif des conditions de crédit
Augmentation continue des coûts de construction
Raréfaction des acquéreurs potentiels
Allongement des délais de commercialisation
Fragilisation de la santé financière des promoteurs
Réévaluation généralisée des valorisations immobilières
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12-15% de rendement : le pari risqué des nouvelles plateformes
L'évolution du marché en 2024 voit émerger des approches novatrices, notamment portées par des plateformes ambitieuses. Bricks se démarque avec une collecte impressionnante de 63 millions d'euros, en développant un modèle basé sur les royalties qui redéfinit les codes du financement participatif immobilier. Tokimo s'illustre avec 12 millions d'euros récoltés dès sa première année d'activité, tandis que Stomea (8M€) et Wevest (3M€) complètent cette nouvelle génération de plateformes.
Ces nouveaux acteurs se distinguent par des offres particulièrement attractives, promettant des rendements élevés. Cependant, les données historiques du secteur démontrent l'impossibilité de maintenir durablement de tels niveaux de performance. Ces rendements élevés impliquent nécessairement une prise de risque considérable pour les investisseurs.
En effet, pour atteindre ces taux, les plateformes doivent souvent financer des projets plus aventureux ou des emprunteurs présentant des garanties plus fragiles. Cette surenchère de promesses de profits expose les investisseurs à un danger de perte en capital significatif, particulièrement dans un contexte économique instable.
Comment Bienprêter révolutionne le financement participatif
Bienprêter se démarque en 2024 avec une approche distinctive : la plateforme propose un flux constant de nouveaux projets, majoritairement hors secteur immobilier, qui trouvent leur financement en quelques heures seulement. Avec une collecte de 74 millions d'euros, cette capacité à financer rapidement des opportunités diversifiées démontre l'efficacité de leur modèle. La plateforme privilégie notamment les projets de crowdfactoring et d'autres secteurs d'activité, réduisant ainsi sa dépendance au marché immobilier tout en maintenant un rythme soutenu d’investissements réussis.
La plateforme privilégie notamment les projets de crowdfactoring et d'autres secteurs d'activité, réduisant ainsi sa dépendance au marché immobilier tout en maintenant un rythme soutenu de financements réussis. Cette stratégie de diversification, couplée à une sélection rigoureuse des dossiers, permet d'offrir aux investisseurs un équilibre entre performance et maîtrise des risques.
Les données 2024 compilées par le directeur général de l'agence Collect montrent un nouveau rapport de force dans le financement participatif français. Les trois leaders des énergies renouvelables - Enerfip (141M€), Lendosphère (75M€) et Lendopolis (80M€) - dominent désormais le marché grâce à des projets environnementaux qui répondent aux attentes des investisseurs. À l'inverse, les plateformes immobilières traditionnelles subissent une baisse de 50% de leurs collectes par rapport à 2021-2022, signalant la fin d'un cycle de croissance.
L'émergence de nouveaux acteurs proposant des rendements de 12 à 15% interroge sur la pérennité de tels modèles économiques. Les performances historiques du secteur démontrent qu'atteindre et maintenir ces niveaux de rendement implique une prise de risque considérable pour les investisseurs. Dans ce contexte, le succès de Bienprêter, avec ses financements rapides et diversifiés hors immobilier, indique une voie d'adaptation possible pour les plateformes : privilégier la diversification sectorielle et la régularité des performances plutôt que la recherche de rendements exceptionnels.