Épargne 2025 : Pourquoi des millions de Français délaissent le Livret A pour l'assurance vie

Face à la baisse du rendement du Livret A passé à 2,4%, les Français réorientent massivement leur épargne vers l'assurance vie qui franchit le cap historique des 2000 milliards d'euros d'encours. Entre sécurité immédiate et rentabilité à long terme, découvrez les stratégies gagnantes pour optimiser votre patrimoine dans ce nouveau paysage financier.

Résumé : 

• Le Livret A enregistre une collecte nette de 940 millions d'euros en février 2025, soit deux fois moins qu'en février 2024

• L'assurance vie attire 4,5 milliards d'euros en janvier 2025, franchissant la barre des 2000 milliards d'euros d'encours

• Le rendement du Livret A est passé de 3% à 2,4% en février 2025 et devrait encore baisser

• L'assurance vie en fonds euros offre un rendement moyen de 2,5% brut (2,07% net) avec des écarts importants entre contrats

• Face à l'inflation en baisse (0,8% en février), le Livret A reste pertinent pour l'épargne de précaution, mais l'investissement à long terme exige d'autres solutions

Les habitudes d'épargne des Français se transforment radicalement en ce début d'année 2025. Alors que le Livret A voit sa rémunération diminuer et sa collecte ralentir, l'assurance vie attire de plus en plus d'épargne, franchissant des seuils jamais atteints auparavant. Ce changement de cap reflète-t-il une stratégie d'investissement judicieuse ou simplement une réaction à court terme face à l'évolution des taux ? L'analyse des chiffres récemment publiés révèle un changement significatif dans les comportements financiers des Français, qui mérite un examen attentif pour tout investisseur soucieux de faire fructifier son patrimoine.

Le Livret A perd de son attrait malgré sa sécurité

La désaffection pour le Livret A s'accentue mois après mois. Selon les dernières données de la Caisse des dépôts publiées le 24 mars, la collecte nette du Livret A a atteint 940 millions d'euros en février 2025. Ce chiffre, bien que supérieur à celui de janvier (350 millions d'euros), demeure nettement inférieur aux performances enregistrées l'année précédente. En effet, en février 2024, le Livret A avait capté plus de 2,34 milliards d'euros, soit plus du double de la collecte actuelle.

Cette tendance baissière ne représente pas un cas isolé. En ajoutant le Livret de développement durable et solidaire (LDDS), la collecte cumulée s'élève à 1,58 milliard d'euros en février 2025, contre 3,40 milliards un an plus tôt. Il s'agit donc d'une diminution de plus de 50% qui illustre un véritable bouleversement dans les comportements d'épargne.

La principale explication de ce désintérêt réside dans la baisse du taux de rémunération du Livret A, passé de 3% à 2,4% le 1er février dernier. Cette diminution n'est d'ailleurs probablement qu'une étape, puisque tout indique que le taux pourrait encore chuter lors de la prochaine révision prévue le 1er août 2025. La raison ? L'inflation continue de ralentir, atteignant seulement 0,8% en février, ce qui mécaniquement tire vers le bas la formule de calcul du taux du Livret A.

Avantages qui persistent pour le Livret A :

• Rendement réel positif de 1,6% (2,4% - 0,8% d'inflation)

• Liquidité totale et disponibilité immédiate

• Sécurité garantie par l'État

• Absence totale de frais

• Exonération fiscale complète

Pour autant, il serait erroné de considérer le Livret A comme un placement dépassé. En effet, avec un rendement de 2,4% net de toute fiscalité dans un contexte d'inflation à 0,8%, ce placement offre toujours un rendement réel positif d'environ 1,6%. De plus, sa liquidité totale, sa garantie d'État et son absence de frais en font un véhicule idéal pour l'épargne de précaution.

Néanmoins, le plafond de 22 950 euros limite son potentiel pour les patrimoines plus importants, et son rendement modeste ne permet pas d'envisager une réelle capitalisation à long terme. C'est pourquoi de nombreux épargnants français recherchent désormais des alternatives plus rémunératrices pour le surplus de leur épargne.

L'assurance vie, nouvelle star de l'épargne des Français

Face au recul du Livret A, l'assurance vie connaît un succès sans précédent. D'après les données de France Assureurs, la collecte nette a bondi à 4,5 milliards d'euros rien qu'en janvier 2025, soit une augmentation spectaculaire de 2,3 milliards d'euros par rapport à janvier 2024.

Cette dynamique positive s'est d'ailleurs confirmée avec un événement symbolique majeur : début mars 2025, l'assurance vie a franchi pour la première fois de son histoire la barre des 2 000 milliards d'euros d'encours. Ce chiffre vertigineux témoigne de la confiance accordée par les Français à ce placement polyvalent, capable de répondre à de multiples objectifs patrimoniaux.

À première vue, le succès de l'assurance vie semble justifié par ses performances. En 2024, le rendement moyen des fonds en euros s'est établi à 2,5% selon les estimations du cabinet Facts & Figures. Toutefois, cette performance nécessite d'être nuancée. En effet, contrairement au Livret A dont le rendement est net de toute fiscalité, celui de l'assurance vie est communiqué brut des prélèvements sociaux de 17,2%. Ainsi, le rendement net moyen descend à environ 2,07%, soit finalement moins que le Livret A actuel.

Comparatif des performances nettes :

Cependant, cette moyenne cache d'importantes disparités entre les contrats. Alors que certains peinent à dépasser les 2% de rémunération brute, les meilleurs contrats du marché ont affiché des performances bien supérieures. Par exemple, le contrat Corum Euro Life a proposé un impressionnant 3,8% net en 2024, surpassant largement le Livret A.

Un autre argument en faveur de l'assurance vie réside dans la relative stabilité de ses rendements. Entre 2023 et 2024, le rendement moyen des fonds euros n'a baissé que de 0,1 point (de 2,6% à 2,5%), quand le Livret A a connu une chute plus brutale de 0,6 point en février 2025. Cette stabilité rassure les épargnants, même si elle n'est pas garantie pour l'avenir.

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Quelle stratégie adopter pour son épargne en 2025 ?

Face à ces deux placements aux caractéristiques bien distinctes, quelle stratégie privilégier en 2025 ? La réponse dépend évidemment des objectifs de chaque épargnant, mais quelques principes fondamentaux peuvent guider la réflexion.

D'abord, il convient de rappeler que le Livret A et l'assurance vie ne s'opposent pas nécessairement mais peuvent se compléter parfaitement. Le Livret A conserve tout son intérêt pour l'épargne de précaution, grâce à sa disponibilité immédiate et sa sécurité absolue. La règle communément admise consiste à y conserver l'équivalent de trois à six mois de revenus pour faire face aux imprévus.

Pour le surplus d'épargne, l'assurance vie présente de nombreux atouts, à commencer par sa fiscalité avantageuse après huit ans de détention. Mais attention, tous les contrats ne se valent pas. Il est crucial de comparer les performances sur la durée, les frais pratiqués et la qualité des supports proposés avant de souscrire.

Les critères essentiels pour choisir son assurance vie :

• Rendement historique du fonds en euros sur 3 à 5 ans

• Frais d'entrée (idéalement 0%)

• Frais de gestion annuels (moins de 0,6% pour le fonds euros)

• Qualité et diversité des unités de compte disponibles

• Souplesse des options de gestion proposées

• Qualité du service client et outils digitaux

• Solidité financière de l'assureur

Au-delà des fonds en euros, l'assurance vie offre également la possibilité d'investir sur les marchés financiers via les unités de compte. Si ces dernières comportent un risque de perte en capital, elles ont historiquement offert des rendements supérieurs sur le long terme. Dans un contexte de taux bas, cette diversification devient presque incontournable pour qui souhaite faire fructifier son patrimoine sur plusieurs décennies.

Enfin, il serait réducteur de limiter sa stratégie d'épargne à ces deux seuls placements. D'autres alternatives méritent considération, comme le Plan d'Épargne Retraite (PER) pour préparer sa retraite avec un avantage fiscal immédiat, l'investissement immobilier direct ou via des SCPI, ou encore l'investissement en bourse, notamment via le Plan d'Épargne en Actions (PEA).

En définitive, la diversification reste le maître-mot pour une stratégie patrimoniale équilibrée. Répartir son épargne entre différents supports en fonction de ses objectifs, de son horizon d'investissement et de sa tolérance au risque demeure la meilleure approche pour optimiser ses rendements tout en maîtrisant les risques.

L'évolution des choix d'épargne des Français vers l'assurance vie traduit une recherche de rendement dans un contexte de baisse des taux du Livret A. Cette tendance, confirmée par les chiffres impressionnants de collecte en ce début d'année 2025, s'inscrit dans une logique patrimoniale compréhensible, mais qui mérite d'être questionnée.

En effet, si l'assurance vie offre des perspectives intéressantes, notamment grâce à sa fiscalité avantageuse et ses multiples options d'investissement, elle ne constitue pas une solution miracle. La grande disparité entre les contrats impose une sélection rigoureuse, et la performance moyenne des fonds euros reste finalement assez proche de celle du Livret A, une fois les prélèvements sociaux déduits.

La véritable optimisation patrimoniale passe par une approche stratégique et diversifiée. Le Livret A conserve toute sa pertinence pour l'épargne de précaution, tandis que l'assurance vie trouve sa place dans une vision à plus long terme, idéalement en combinant fonds euros et unités de compte selon son profil de risque.