Salaire des patrons des entreprises du CAC 40
En 2024, le PDG de Schneider Electric a touché 398 600 €. Celui de Hermès, 7,2 millions d’euros. Découvrez les critères qui expliquent ces différences.
Alexandre Plunian
Comme chaque année, les publications des documents d’enregistrement universel permettent de lever le voile sur la rémunération des patrons des entreprises du CAC 40.
Et en 2024, les salaires des dirigeants du CAC 40 ont suscité beaucoup d’intérêt. Derrière des salaires à plusieurs millions d’euros se cache une réalité bien plus complexe qu’il n’y paraît.
Le classement des PDG les mieux rémunérés
Voici le classement des patrons des entreprises du CAC 40 les mieux rémunérés :
Rang | Nom et prénom | Entreprise | Montant |
---|---|---|---|
1 | Axel Dumas | 7 287 000 € | Hermès |
2 | Francesco Milleri | 5 926 000 € | EssilorLuxottica |
3 | Luca De Meo | 5 297 370 € | Renault |
4 | Arthur Sadoun | 4 563 999 € | Publicis |
5 | Patrick Pouyanne | 4 248 550 € | TotalEnergies |
6 | Nicolas Hieronimus | 4 048 500 € | L'Oréal |
7 | Olivier Roussat | 4 024 500 € | Bouygues |
8 | Daniel Julien | 3 973 928 € | Teleperformance |
9 | Paul Hudson | 3 966 200 € | Sanofi |
10 | Jean-Laurent Bonnafe | 3 856 401 € | BNP Paribas |
11 | Antoine de Saint-Affrique | 3 794 000 € | Danone |
12 | Jean-Marc Chery | 3 437 558 € | STMicroelectronics |
13 | Bernard Arnault | 3 415 932 € | LVMH |
14 | Alexandre Bompard | 3 357 000 € | Carrefour |
15 | Xavier Huillard | 3 296 800 € | Vinci |
16 | Philippe Brassac | 3 206 630 € | Crédit Agricole |
17 | Alexandre Ricard | 3 121 180 € | Pernod Ricard |
18 | Guillaume Faury | 3 066 525 € | Airbus |
19 | Thomas Buberl | 3 003 319 € | AXA |
20 | Jean-Marie Tritant | 2 891 602 € | Unibail |
21 | Catherine Macgregor | 2 890 000 € | Engie |
22 | Bertrand Dumazy | 2 849 753 € | Edenred |
23 | Benoit Potier | 2 818 000 € | Air Liquide |
24 | Sébastien Bazin | 2 763 893 € | Accor |
25 | Patrice Caine | 2 657 352 € | Thales |
26 | Aiman Ezzat | 2 597 000 € | Capgemini |
27 | Slawomir Krupa | 2 517 975 € | Société Générale |
28 | Estelle Brachlianoff | 2 517 372 € | Veolia |
29 | Gilles Martin | 2 517 000 € | Eurofins |
30 | Carlos Tavares | 2 500 000 € | Stellantis |
31 | Olivier Andries | 2 364 667 € | Safran |
32 | Florent Menegaux | 2 258 000 € | Michelin |
33 | François-Henri Pinault | 2 250 120 € | Kering |
34 | Hinda Gharbi | 2 205 000 € | Bureau Veritas |
35 | Pascal Daloz | 1 997 000 € | Dassault Systèmes |
36 | Benoit Bazin | 1 981 711 € | Saint-Gobain |
37 | Benoit Coquart | 1 950 300 € | Legrand |
38 | Christel Heydemann | 1 835 000 € | Orange |
39 | Aditya Mittal | 1 754 057 € | ArcelorMittal |
40 | Olivier Pascal Blum | 398 600 € | Schneider |
Trois dirigeants dépassent les 5 millions d’euros hors actions :
Luca de Meo (Renault),
Francesco Milleri (EssilorLuxottica),
Axel Dumas (Hermès).
Tous ont dépassé leurs objectifs, avec à la clé des performances boursières remarquables :
📊 +93 % pour Renault depuis 2020, +101 % pour EssilorLuxottica, et +760 % pour Hermès depuis 2013.
Comment est composé le salaire d’un PDG du CAC 40 ?
Le package de rémunération d’un dirigeant ne se limite pas à son salaire fixe. Il comprend généralement des bonus :
Une part fixe qui représente entre 20 % et 40 % du salaire total
Une part variable annuelle, qui est indexée sur les performances économiques de l’entreprise : résultats financiers, cours de bourse, objectifs RSE…
Une rémunération variable à long terme, qui est souvent versée sous forme d’actions et conditionné à des critères étalés sur plusieurs années.
Des avantages en nature (voiture, logement, sécurité…).
Qui décide de leur rémunération ?
Depuis la loi Sapin 2 (2016), les actionnaires disposent d’un droit de regard sur les rémunérations des patrons du CAC 40. Un vote "Say on Pay" est obligatoire.
Il consiste à faire voter les actionnaires pour qu’ils valident (ou non) la politique de rémunération et approuver la rémunération déjà versée.
Chaque forme de rémunération doit être validée lors d’une assemblée générale. Chaque actionnaire est libre de l’approuver ou non, mais c’est la majorité qui l’emporte.
Tout savoir sur le salaire des patrons du CAC 40
En 2024, le salaire moyen d’un dirigeant du CAC 40 s’élève à 2 611 255 € pour une médiane de 2 097 607 €.
Mais dès qu’on inclut les variables, les bonus et les actions, les chiffres explosent :
Moyenne annuelle totale : 6 923 781 €
Médiane : 6 657 899 €
La star du classement : Carlos Tavares (ex Stellantis)
Carlos Tavares est le deuxième plus gros salaire fixe du CAC 40, mais affiche plus de 20 millions d’euros en actions pour la deuxième année consécutive. Sa rémunération a baissé de 37 % par rapport à 2023, mais elle représente toujours 350 fois le salaire moyen des 259 000 employés du groupe dans le monde.
Son cas illustre l’approche « à l’américaine » de certaines entreprises du CAC : des packages massifs, mais très alignés sur la performance. À tord ou à raison, la rémunération de Carlos Tavares a été très critiquée.
Quand performance boursière et rémunération ne vont pas de pair
Concernant la rémunération des patrons du CAC 40, certaines situations interrogent. Chez Teleperformance, le PDG reçoit 4,5 millions d’euros en actions, malgré une chute de -65 % du cours sur les 5 dernières années.
Même chose chez Sanofi ou L’Oréal, où les actions attribuées dépassent 5 millions d’euros alors que la performance boursière est restée très faible en 5 ans.
Cela relance le débat sur les critères réels d’attribution des bonus à long terme : résultats financiers ? Performance boursière ? Objectifs en internes ? Que faut-il choisir ?
Des écarts de rémunération
Il n’existe pas de grille unique de rémunération concernant les dirigeants d’entreprises. Les écarts sont importants et peuvent s’expliquent par :
La taille du groupe
La gouvernance (familles fondatrices, contrôle du capital..)
La performance opérationnelle ou boursière
Le secteur (luxe, tech, pharmaceutique..)
L’expérience et le parcours du dirigeant
Aucun des trois PDG des grandes banques françaises ne figure dans le top 20, alors que leurs homologues américains reçoivent des rémunérations proche des 40 millions de dollars annuels :
Jamie Dimon (JP Morgan) : 39 M$
David Solomon (Goldman Sachs) : 39 M$
Même à l’échelle européenne, les patrons de la BNP Paribas, Société Générale ou du Crédit Agricole sont au moins 2 fois moins bien rémunérés que ceux de :
UBS (Sergio Ermotti) : 15,6 M€
Santander (Ana Botin) : 14,9 M€
Deutsche Bank (Christian Sewing) : 10,6 M€
Des femmes toujours trop peu présentes
Sur les 40 entreprises du CAC, seules 4 sont dirigées par des femmes et aucune ne figure dans le top 20.
Pire encore : aucune ne dépasse le million d’euros de rémunération fixe (contre 28 hommes sur 40).
Un déséquilibre important, malgré la féminisation des conseils d’administration.
Conclusion : un débat toujours d’actualité
En 2024, la rémunération des patrons du CAC 40 reste importante par les montants et complexe dans sa logique. Malgré les dispositifs de contrôle par les actionnaires, les écarts continuent de se creuser, entre dirigeants et salariés, mais aussi entre entreprises.
Une chose est sûre : les salaires des patrons continueront d’alimenter les débats économiques et politiques.